Deux personnes assises côte à côte, semblant distantes

TCC et ACT : cousins pas si germains

Dans le grand arbre généalogique de la psychologie, les TCC (Thérapies Cognitivo-Comportementales) font figure de branches solides, bien enracinées dans la rigueur scientifique. Mais parmi ces branches, une pousse plus jeune et un brin rebelle attire de plus en plus l'attention : l'ACT, ou Thérapie d’Acceptation et d’Engagement (Acceptance and Commitment Therapy).
Alors, qu’est-ce qui différencie vraiment l'ACT des TCC "classiques" ?

Les TCC : débugger les pensées, apprivoiser les comportements

Les TCC sont l’équivalent mental d’un bon couteau suisse : elles permettent de travailler sur les pensées dysfonctionnelles, les croyances rigides, les comportements d'évitement, etc. Le modèle est clair, structuré, validé scientifiquement, et pour beaucoup de patients, c’est une bouée cognitive salvatrice.

Débugger les pensées, c’est utile, mais pas toujours suffisant. On peut passer sa vie à discuter avec ses idées sans jamais vraiment avancer. C’est un peu comme repeindre la coque d'un bateau troué : ça flotte un temps, mais le courant, lui, continue de nous emporter au large si on ne choisit pas une direction.

Et surtout, il faut se rendre à l’évidence : nous produisons environ 80 000 pensées par jour. Oui, 80 000. Et parmi elles, environ 85 % sont désagréables. Pas étonnant qu'on ait parfois l’impression de baigner dans une soupe mentale légèrement acide.

Si l’on devait débattre avec chacune d’elles, on n’aurait plus le temps de vivre.

L'ACT : accueillir la tempête, et choisir sa direction

Là où les TCC classiques cherchent souvent à "corriger" les pensées, l’ACT propose plutôt de changer la relation que nous entretenons avec elles.
On ne discute plus avec son anxiété, on l’invite à faire un bout de chemin avec nous.

L’ACT repose sur six processus fondamentaux, qu'on peut regrouper en six grands processus :
défusion, acceptation, pleine conscience, soi profond, valeur et comportement engagé.

La métaphore, au carrefour du langage et des images, constitue l’outil principal que le thérapeute doit manier avec soin, adaptée à chaque patient.

« Observer - Naviguer - Ancrer » :
l'esprit ACT au cœur du cabinet

Dans notre pratique, ces processus constituent une véritable boussole thérapeutique. On peut aisément les retrouver dans notre mantra favori :

  • Observer
    Apprendre à remarquer ses pensées, ses émotions, ses sensations sans jugement. Comme on observerait les vagues depuis la plage, sans tenter de les arrêter
  • Naviguer
    Traverser ses difficultés en choisissant sa direction en fonction de ses valeurs profondes, plutôt que de ses peurs ou de ses croyances. Laisser l’anxiété monter à bord, mais garder la main sur la barre.
  • Ancrer
    Poser des actions concrètes, même petites, en cohérence avec ce qui compte pour soi. Planter son ancre dans ce qui a du sens, même si la mer est agitée.

Avec l’ACT, nous n’effacerons pas votre souffrance psychologique. Mais nous apprendrons à lui faire de la place, à bouger avec, à vivre quand même. En ce sens, l’ACT est une thérapie réaliste, elle ne tombe pas dans le piège du positivisme à tout craindre.
Et souvent, c’est exactement ce qu’il faut pour déverrouiller une situation figée par le combat intérieur.


Conclusion : une thérapie qui parle au cœur comme à l’esprit

L’ACT ne remplace pas les TCC classiques. Elle les prolonge, les enrichit, elle les rend parfois plus humaines, plus incarnées. C’est une approche qui parle autant au cerveau qu’au cœur, aux valeurs qu’aux symptômes.

« Ce n’est pas l’absence de tempête qui fait un bon marin, mais sa capacité à garder le cap. »